ET SI LA RECETTE DU BONHEUR NE CONTENAIT PAS DE VIANDE

La détresse animale : mythe ou réalité?

Menu du jour : lentilles, tofu et pommes de terre. Comment ça, il manquerait un élément  ? Ne prononcez pas son nom, car de nos jours, la viande est persona non grata. A tort ? Pas vraiment.

Mouvements militants, vidéos chocs ou affrontements contre des boucheries, les végétariens et végans portent un combat qui fait de plus en plus de bruit, qui agace mais qui séduit aussi de plus en plus de personnes. Au delà du simple régime alimentaire, c'est une véritable critique de fond qui nous concerne tous : omnivores, herbivores, végétalien, flexitarien…  (liste non exhaustive).

LA MODE VEGETARIENNE


Quand j'entendais parler de végétarisme, à l'époque, cela faisait écho à une infime partie de la population. Le cliché était bien en place : les végétariens étaient des littéraires, un peu marginaux, un peu hippies, un peu perchés. Vous voyez le genre! Puis, au fur et à mesure des années, le cliché s'est déplacé. Déjà, le végétarisme concernait de plus en plus de personnes. Encore pire! J'avais désormais des amies végétariennes. Il est certain que cette dernière donnée m'a totalement apporté un nouvel angle d'approche. Au delà de cette toute nouvelle proximité, le rapport entier de la population au végétarisme avait évolué. Etre végétarien, ce n'est plus être un marginal un peu écervelé, non. Etre végétarien, c'est être un intellectuel (de gauche) un peu bobo. Les régimes alimentaires, non pas pour mincir, mais en accord avec une pensée éthique, sont devenus la nouvelle mode alimentaire. Comme le bio. A tel point, que les marques ont flairé la grosse affaire. Même McDonald's propose son "veggie" (préparé soigneusement avec le même argent qui tue des milliers de bœufs par jour). Il est donc légitime de se demander si être végétarien, cela change véritablement quelque chose. Ou même, si cela fait de nous des personnes horribles si on mange encore-oh malheur!- de la viande. 
Le grand remplacement de la viande 

Tout d'abord,  il faut savoir différencier tous les mouvements alimentaires engagés. Etre vegan, ce n'est pas être végétarien. Le second ne mange ni viande, ni poisson. Le premier ne s'autorise aucun produit d'origine animale, plus radical. Ensuite, les raisons diffèrent. Au delà, du "chacun ses propres raisons", il est important d'insister sur les différentes causes qui poussent un individu à changer ses habitudes alimentaires. Elles peuvent être éthiques mais aussi politiques ou médicales.
Cependant, le cliché du végétarien bobo ne vient pas de nulle part. L'organisation de notre société depuis une trentaine d'années met en avant un phénomène alertant : les inégalités entre les différents milieux sociaux sont de plus en plus considérables. Et ces disparités s'observent aussi dans nos assiettes. En comparaison, un adolescent vivant dans le cossu 7ème arrondissement de Paris ne mange pas la même chose que son camarade d'Argenteuil. Vous aurez deviné qui serait plus prompt à devenir végétarien. Cela s'explique par des facteurs simples. D'abord économiques : même si la viande coûte chère, les grandes surfaces offrent un panel de produits de qualités médiocres à des prix défiant toute concurrence. Mais, les facteurs sont aussi culturels et sociaux. En effet, avant toute action, faut il déjà être informé. Inutile de rappeler que 84,8% d'élèves provenant de milieux sociaux favorisés accèdent en seconde générale et technologique contre seulement 42,4% d'élèves de milieux défavorisés. Le dégré d'éducation n'est pas le même. On comprend mieux pourquoi le cliché du végétarien bobo lui colle à la peau. Mais, comme le démontre la signification même du cliché, cela reste un cliché. 

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UN COMBAT REEL 

Il est vrai qu'avoir la possibilité de choisir ce que l'on mange relève du luxe. Mais au delà des moyens financiers certains, qui n'a jamais entendu parler des abattoirs atroces, des scandales sanitaires, des désastres écologiques ou même des salaires de misères des ouvriers? Se tenir informé de ce que nous consommons doit devenir une priorité pour chacun.  Si une grande partie de la population a changé son régime alimentaire, c'est une décision qui s'explique d'abord comme une prise de conscience. Une prise de conscience contre la souffrance animale. Un sujet qui peut faire sourire, mais qui soulève des questionnements éthiques bien sérieux. Notre rapport à l'animal, en tant qu'êtres vivants dits développés se doit d'être repenser. Pourquoi préférer le chat au boeuf ? En réalité, notre rapport à l'animal est bel et bien construit culturellement et n'a finalement rien de naturel…  Mais, au delà de ces questions éthiques, les entreprises ne vendent qu'à des clients. Et; si ces clients deviennent regardants, alors, l'entreprise change de stratégie. Ne nous mentons pas à nous mêmes, tout est question d'argent. D'un côté, comme de l'autre. Une fois cette réflexion faite, il est facile de comprendre qu'on n'a pas besoin d'être végétarien et/ou végan pour agir. Il est totalement légitime de ne pas vouloir arrêter de consommer de la viande pour des raisons aussi simples que le goût. Il n'y a pas de culpabilisation à ressentir. Pour répondre à mon titre, la recette du bonheur peut ne pas contenir de viande. Mais elle peut aussi en contenir. A une condition, que la production de cette viande ne soit plus liée à l'insécurité alimentaire ou aux catastrophes écologiques. Il n'y a pas vraiment d'excuse valable : labels EcoCert, commerces de proximité, agriculture biologique… Chacun peut essayer de mieux consommer à son niveau. Dans une société mondialisée comme la nôtre, penser le changement, c'est le penser de façon forcément collective bien qu'initié individuellement. Autrement, aucun impact n'est possible. Finalement, choisir ce que l'on mange avec des critères éthiques, c'est aussi décider de faire partie de la société. Mais ça, ce ne sont que des mots… Alors à vos assiettes maintenant!



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